Conception et direction : Osvaldo Rosa
Chorégraphie et interprétation : Pedro Rosa
Décor et costumes : Osvaldo Rosa
Musique : Harald Weiss
Traduction : Evelyne Added
Lumière : Valentine Robert
Chargée de production : Delphine Lendri
Photos : Yohann Lepage
Graphisme : Élodie Fournier
Création : 2011
Qu’est-ce qui fait tant courir l’être humain ? Derrière quoi ? Tellement d’énergie dépensée dans cette société contemporaine pour réaliser quoi que ce soit !
L’intendance administrative esclavagise et détruit l’homme, envahit son esprit et son corps. Elle le fait souffrir et le tue alors que sa seule aspiration n’est que réaliser sa nécessité de création et d’expression de ses sentiments et émotions.
La performance éclaire l’innocence perdue devant les exigences administratives d’une nation face à l’artiste qui ne désire que créer et s’exprimer artistiquement. L’État impose un nombre infini de règles et de cadres qui empêchent l’homme de conquérir sa liberté et même le détruisent.
Intention
En référence à l’impressionnisme allemand dans le théâtre de l’absurde, le personnage se trouve dans une absurdité des situations avec lesquelles il se débat. La scène se déroule dans un climat de catastrophe mais le comique se mêle pour dépasser l’absurde. Le texte parlé/dansé n’est pas un moyen de communication mais celui d’exprimer le vide, l’incohérence, et de représenter la vie qui est elle-même ridicule — il montre la condition humaine prise dans son absurdité. Le personnage, dans ses actes, passe outre ces exigences et suit son chemin, conscient ce qu’il perd, comme de ce qu’il gagne.
Pour ne pas tomber dans un discours plaintif, la pièce commence dehors par trois coups frappés par la plante du pied. Une danse est proposée en partage avec le public. Des échanges de saluts. Une promenade dansante, légère, fraîche et heureuse jusqu’à la salle pour entrer dans l’intimité du personnage.
Deux histoires en parallèle :
- Une première, qui est légère, dansante, où le plaisir est tout simplement vivant et frais.
- Une deuxième, qui commence une fois le public assis autour de la scène, où tout va être plus décousu, écorché, fragilisé. Le personnage est ainsi confronté à la solitude de l’artiste débordé, jusque dans son intimité la plus grande.
Paul Valéry a écrit, « L’art vit de contraintes et meurt de libertés. »
Extrait
Dimanche 17 avril 2011 au Garage :
Revue
Bastien, un spectateur qui assisté à la représentation du 17 avril au Garage a écrit :
“J’ai été très touché par l’engagement que vous avez à effleurer sans cesse des clichés pathétiques sans jamais tomber dedans. Un grand travail sur la douleur, les blessures, l’isolement et cela avec beaucoup de recule et d’analyses.
L’idée du cadre blanc assure le chaos. Les arrêts sur image, les répétitions gestuelles, les silences et les différenciations entre sons internes (radio) et externes (bande son) nous rassurent en tant que spectateur sur le contrôle que vous avez de la pièce. Rien ne semble être laissé au hasard et c’est pour cette raison que vous pouvez vous engager dans les noirceurs, les douleurs profondes sans jamais qu’elles nous salissent gratuitement.
Une invitation intelligente à réfléchir la frustration, l’écorchure. Un homme nu sous sa chemise qui contrôlera cette “mise à nu, mise à rien”, sans que nous ne voyions jamais son sexe. Sauf quand il le faudra nécessairement, et que cela fera sens, sans gratuité… Je n’énumérerai pas toutes les images, les gestes, les jeux, les silences qui sont les justes preuves d’un grand travail de dramaturgie.
Pour mettre des toilettes sur scène avec un homme assis dessus sans jamais sentir ni le grotesque et ni l’odieux alors qu’il est question de douleurs, de maux, de consommations, c’est qu’il aura fallu une profonde réflexion sur soi et sur le pourquoi de ce qui est donné à voir.
Enfin, cette invitation que vous avez commencé dehors avec vos trois coups de plat de pieds sur la table en bois, puis cette belle promenade avec vous, léger, frais, dansant et heureux jusqu’au studio pour rentrer dans votre scène d’intimité. Elle est très importante car elle nous donne deux histoires en parallèle.
Une première dehors, qui est légère, historique (vous nous parlez simplement de vous, de vos plaisirs…), délicatement jazz, nous traversons ce couloir avec vos baisers, vos caresses, vos salutations, votre invitation à venir vous rencontrer sur scène.
La deuxième, une fois assis face à vous, à l’intérieur face à la scène, dans votre intérieur, ou tout va être plus décousu, écorché, fragilisé… Cette ambivalence me semble vraiment intelligente car elle évite de ne tomber que dans un discours plaintif. Il est évidement question de peine mais aussi de vie.
Merci.
Je serais ravi de voir la suite, qui sera certainement encore plus affûtée, certaines propositions encore plus étirée (ex : les feuilles du papier toilette puis cette longue ligne blanche de l’équilibriste perdu…), encore plus de lien entre ce corps, ses mots et ce décor d’intimité universelle.”
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